Focus sur les Maladies digestives et intestinales et les conséquences qu’engendre le tabagisme. Nous tenterons également d’offrir quelques conseils de « mieux vivre », afin de vous aiguiller.
Les Cancers Digestifs
Le cancer est la première cause de décès annuelle due au tabagisme actif.
Le tabagisme tue dans le monde, environ 8 millions de personnes/an (OMS 2020), et le cancer en est la première cause.
En France, chaque année, 75 000 décès sont attribuables au tabac, dont 36 577 (hommes) vs 9 868 (femmes) sont dus au cancer. (Santé Publique France 2019)
Le tabac est donc bien le 1er facteur de risque de cancers et le risque encouru pour un fumeur de développer un cancer lié au tabac, dépend de 3 facteurs :
- La consommation moyenne,
- La durée du tabagisme,
- L’âge de début du tabagisme.
Étant donné que la fumée secondaire contient la plupart des constituants de la fumée principale, elle peut être responsable de cancers par tabagisme passif. (Lien)
- En France, un tiers des personnes de 15 à 85 ans (32%) fume ne serait-ce que de temps en temps : 36% d’hommes versus 28% de femmes.
- Entre 18 et 34 ans, près d’une personne sur 2 fume.
- Le tabagisme concerne un jeune sur 3 de 15 à 19 ans (32%).
- 46% des femmes de 20-25 ans fument et 55% des hommes de 26-34 ans (Tabac-info-service).
- En outre, on note un accroissement du tabagisme chez la femme de 45 à 54 ans (21,5%).
En France encore, on dénombrait (en 2000), 278 000 nouveaux cas par cancers. (Lien)
Le nombre de cas de cancers digestifs (hors biliaire et intestin grêle) était de prévalence :
- 35706 hommes
- 23 508 femmes.
- Colorectal (côlon/rectum) : 61% des cancers digestifs.
- Estomac : 12% des cancers digestifs.
- Foie (cancer primitif) : 10% des cancers digestifs.
- Œsophage : 10% des cancers digestifs.
- Pancréas : 8% des cancers digestifs.
Tous ayant une prédominance masculine.
En 2017, le Pr Laurent Beaugerie (chef du service de gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.) resituait les statistiques en rappelait l’impact important du tabagisme sur les cancers digestifs. (Lien)
- Côlon : 43 000/an (responsabilité du tabac et autres facteurs).
- Pancréas : 10 000/an. La contribution du tabac est + franche. Il multiplie par 2 ou 3 le risque de survenue.
- Œsophage : 6 000/an. Le tabac potentialise l’effet d’autres risques…
L’arrêt du tabac est donc clairement nécessaire et peut induire une réversibilité de gravité de diagnostic. Le recours aux substituts nicotinés et la vape ne sont pas contre-indiqués et peuvent aider grandement au confort, lors de l’arrêt du tabagisme.
La cigarette a bien d’autres effets délétères sur notre ventre: ainsi, elle accroît les risques d’infection par Helicobacter pylori (une bactérie responsable de la maladie ulcéreuse), facteur de risque principal du cancer de l’estomac.
Le tabagisme augmente le risque pour la pancréatite chronique, indépendamment de l’abus d’alcool. Le tabac peut affecter la sécrétion de bicarbonate du jus pancréatique, diminuer la sécrétion pancréatique, induire un effet oxydant et augmenter le taux de calcifications pancréatiques.
Aussi, le tabac modifie les capacités immunitaires de la muqueuse intestinale et augmente son risque inflammatoire. La nicotine augmente la production de mucine/mucus produit par le côlon.
L’effet coagulant du tabac, provoque de petites thromboses de certains vaisseaux de l’intestin et altère le flux sanguin. Enfin, le tabac diminue la motilité (capacité à déplacer les aliments dans l’appareil digestif) et la perméabilité intestinale.
Cela explique les troubles (simples) intestinaux, qui peuvent se produire au moment de la défume. Le métabolisme étant bouleversé, il peut s’en suivre également, des troubles du transit (constipation/parfois diarrhées). Notamment, lorsque les besoins de nicotine sont sous-estimés ou surestimés. Le Pr Gilbert Lagrue (Tabacologue) publiait sur la Constipation et manque de nicotine (2006)
Les MICI(s)/ Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
Les MICI(s) concernent (données AFA) :
- 10 millions de malades dans le monde
- 3 millions en Europe
- 250 000 malades en France
- 8 000 nouveaux cas chaque année
- Pic diagnostiqué entre 15 et 35 ans
- 1 cas toutes les heures
- 20% de cas pédiatriques.
La Maladie de Crohn (MC) est une maladie inflammatoire pouvant atteindre n’importe quel segment du tube digestif, depuis la bouche jusqu’à l’anus. C’est une maladie chronique comportant des phases d’activité (poussées) d’intensité variable alternant avec des phases + ou – complètes et prolongées.
La Rectocolite hémorragique (RCH) ou colite ulcéreuse, est une maladie chronique comportant des phases d’activités (poussées) d’intensité variable, alternant avec des phases de rémission complètes. Lors des phases d’activité, l’inflammation atteint la muqueuse, donc la partie interne de la paroi intestinale. La maladie intéresse toujours le rectum et peut progresser sur le côlon, d’un seul tenant, sans laisser d’intervalle de muqueuse saine.
Les lésions des parois de l’intestin observées au cours des MICI(s), consistent en des lésions comparables à l’empreinte d’un objet métallique, brûlant la paroi digestive (qu’on appelle ulcérations)… (Différentiel de suite de définition selon MC vs RCH).
Les MICI(s) sont des maladies auto-immunes incurables, qui nécessitent des traitements (souvent lourds), dits : traitements de fond, ainsi que des traitements symptomatiques (d’appoint et de confort). Elles nécessitent parfois des chirurgies (ablation) d’un segment de l’intestin, côlon et/ou rectum, quand les traitements s’avèrent inefficaces. Elles évoluent par poussées mais permettent rarement au malade de ne pas souffrir symptomatiquement.
Elles occasionnent souvent des manifestations extra-digestives : 1/3 des malades souffrent au moins 1 fois de rhumatismes, syndromes oculaires, lésions de peau et muqueuses.On peut ajouter à cela d’autres maladies auto-immunes associées (essentiellement rhumatoïdes).
Leur origine reste mal appréciée, mais serait vraisemblablement due à une dérégulation de la réaction immunitaire muqueuse vis à vis d’une flore intestinale (microbiote) déséquilibrée, sous influence de facteurs environnementaux et génétique.
On sait que le tabac est le facteur environnemental (principal), responsable de l’aggravation et de la fréquence des poussées la Maladie de Crohn .C’est la seule maladie auto-immune connue qui proscrit complétement la nicotine .
Ce qui complique d’autant + le sevrage tabagique, puisque le fumeur ne pourra pas bénéficier de l’aide de substituts, mais pourra dans certains cas (à apprécier avec son médecin et en fonction des lésions), vapoter à des dosages de nicotine très faibles « en continu », afin d’éviter les « pics » de nicotine.
Paradoxalement, on sait que le tabac protège contre la RCH et améliore son évolution. On l’appelle même la maladie du non-fumeur ou ex-fumeur, tant c’est identifié. Le tabac étant délétère pour raisons évidences, le fumeur pourra se voir prescrire des substituts nicotinés, afin d’améliorer sa symptomatique. La nicotine est donc une excellente alliée pour le défumeur souffrant de RCH.
La vape pourra être envisagée seule ou en complément de substituts oraux et transdermiques.
La colopathie fonctionnelle (SII, syndrome de l’intestin irritable)
Est une maladie intestinale chronique qui n’appartient pas aux MICI(s). Elle est très fréquente et touche officiellement 5% de la population française (selon l’HAS), mais la réalité en dénombre bien plus fréquemment. C’est une maladie qui bénéficie de peu de reconnaissance, car considérée sans gravité, malgré sa chronicité car elle altère la qualité de vie des malades. (Lien)
Elle est responsable de syndromes divers (évoquant souvent les douleurs des MICI) :
- Des douleurs abdominales/ anomalies de la sensibilité intestinale générant un ressenti exacerbé des phénomènes de digestion et autres ballonnements, flatulences et douleurs après la consommation de nourriture ou de boissons.
- Des troubles du transit intestinal (constipations, diarrhées ou alternance des 2)/ troubles de la motricité intestinale grêle et côlon qui peuvent être trop forts ou trop faibles.
- Inconfort/micro-inflammation intestinale et anomalies de la flore bactérienne (microbiote) digestive pouvant augmenter la production de gaz digestifs…
- Fatigue
- Dépression …
Le diagnostic se présente souvent entre 30 et 40 ans. Plus rarement présent chez les enfants et adolescents. Les femmes sont 2 fois plus touchées que les hommes par la SII. Les symptômes sont favorisés par le stress (anxiété et angoisse) et la fatigue, ainsi qu’une alimentation non équilibrée ou trop riche en lipides.
Des Études sont toujours en cours et un pourcentage (de 30 à 40%), en réponse aux effets placebo, fait réfléchir la HAS quant à la validation d’un nouveau Traitement qui devra obtenir un bénéfice d’au moins 15% avant validation.
Le tabac est évidemment néfaste pour la santé du fumeur, mais il contient des IMAO (antidépresseurs /inhibiteurs de la monoamine oxydase). Il est donc important de s’assurer que le défumeur souffrant de SII, n’aggrave pas ses symptômes par une exacerbation émotionnelle non prise en charge.
La substitution de nicotine orale, transdermique et vape, est possible et cumulable, à condition de privilégier pour la vape, un système offrant une inhalation restrictive, afin d’éviter trop d’absorption d’air.
Les méthodes alternatives et TCC sont complémentaires et bénéfiques pour l’apprentissage ou l’amélioration de la gestion de la pathologie.