Maintenant que vous connaissez les différents types de dépendances et le parcours du défumeur, vous vous doutez qu’il y a bien un endroit où il faut gérer tout ça :
Le cerveau.
Le concept des 3 cerveaux (ou cerveau triunique) nous vient de Paul MacLean.
Il pensait que notre cerveau avait évolué au fil du temps, en 3 couches superposées s’empilant au fur et à mesure de l’évolution, chacune ayant des fonctions distinctes. Ces 3 cerveaux (primitif, limbique et néocortex) fonctionnant de manière indépendante les uns des autres, chacun remplissant sa fonction.
Il s’avère que depuis Maclean, les avancées en imagerie et la neurobiologie démontrent que les 3 cerveaux interagissent ensemble en permanence et ont aussi des systèmes de rétrocontrôle qui les régulent.
Normalement c’est le moment où vous vous dites :
« Ouais il est bien gentil, mais tout ça pour ça, on est pas bien avancé. »
Sauf que si MacLean s’est trompé sur certains points, la plupart des avancées actuelles sont basées sur ses travaux (comme souvent dans le domaine des sciences). Le concept des 3 cerveaux permet une bonne compréhension des mécanismes, il est d’ailleurs toujours utilisé dans certains cas en psychothérapie et toujours soutenu par certains spécialistes.
Alors késako les 3 cerveaux ? Ce qui va suivre est volontairement simplifié.
Le cerveau reptilien/robot/primitif/archaïque
C’est le cerveau des automatismes (la respiration, le rythme cardiaque) celui qui permet de rester en vie, il régule notre faim, notre soif, notre sommeil, les besoins vitaux.
C’est dans celui-ci qu’est présent le besoin de fumer quand le taux de nicotine est devenu insuffisant dans l’organisme.
Pour le fumeur ce besoin est aussi impérieux que ses besoins physiologiques fondamentaux or la nicotine à une demi-vie estimée de 2 H (jusqu’à 4H suivant les sujets), toutes les 2 heures en moyenne la nicotine est perdue pour moitié.
Dès le matin au réveil le taux de nicotine est donc au plus bas ce qui explique la difficulté d’éliminer cette première cigarette pour les « défumeurs ».
Les réflexes conditionnés, porter 15 à 20 fois la cigarette à sa bouche pour chaque cigarette, ceux acquis en allumant automatiquement ses cigarettes dans des situations-déclic, le café, le repas, l’attente, l’ennui, le stress… autant d’éléments associés qui déclenchent cette envie de fumer.
Et une fois que ce cerveau robot a appris à fumer, il est infatigable et réclame inlassablement : « je veux ma clope ! ».
Le cerveau limbique/mammalien/cœur
Dans ce cerveau limbique se trouvent les circuits neurologiques responsables des sentiments, des émotions et du système de récompense.C’est là que l’acte de fumer s’accompagne de sensations de plaisir qui libère de la dopamine dès la première bouffée.
C’est dans ce cerveau cœur que seront ressenties les émotions, associées à l’acte de fumer et les moments que le fumeur est en train de vivre, pour l’attacher durablement à la cigarette au niveau affectif. Et nous sommes des êtres d’émotions, quand ces émotions sont puissantes, le cerveau cœur nous dit :
« ouah je suis super heureux ! Je vais m’en fumer une ! »
ou bien :
« Wow ! Ça ne va pas du tout ! Je vais en griller quelques-unes pour me remonter le moral ».
Ce cerveau affectif se moque de la raison, , il ne sait dire que « j’ai envie, j’aime j’aime pas », c’est lui qui lorsqu’il aura envie d’arrêter de fumer, poussera le cerveau raisonnable à mettre en place des stratégies pour que le robot finisse par ne plus demander son tabac.
Le cerveau cortical/néocortex/raison
C’est le cerveau de l’analyse, de la réflexion et de la raison.
C’est là que tous les méfaits du tabagisme et les pathologies qui en découlent sont identifiés.
C’est ce cerveau cortical qui nous indique que fumer est nocif pour notre santé parce qu’un utilisateur sur deux en meurt.
C’est ce cerveau de la raison qui nous dit ; « on pourrait peut-être fumer moins ? ». Sauf qu’il se fatigue vite, il est lent et n’est pas de taille face au robot beaucoup plus rapide.
C’est du dialogue de ces trois cerveaux que dépend l’arrêt du tabac.
Et parce que chaque fumeur a une histoire avec le tabac qui lui est propre, des dépendances plus ou moins fortes, un parcours de sevrage différent, écouter ce dialogue permettra de choisir la méthode qui lui conviendra le mieux pour se libérer du tabac.